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6 décembre 2008 6 06 /12 /décembre /2008 17:10

DSC 0165

BOLIVIE. 

 

Potosi, 4070 mètres d'altitude. Des bâtiments somptueux, balcons en bois et maisons colorées côtoient les habituels taudis des villes boliviennes. Vestiges d'une époque durant laquelle la ville était la plus riche et la plus peuplée d’Amérique. C’était au XVIIe siècle. Depuis, les choses ont bien changé.

 Son bonheur, ou son malheur (tout dépend du point de vue auquel on se place), Potosi le doit à l'imposante montagne qui veille sur elle. Le Cerro rico : la montagne riche. Autrefois, elle regorgeait d'un métal bien précieux : l'argent. Extrait dans des quantités colossales, il a fait la richesse de l’Europe en général, de la couronne espagnole en particulier. Aujourd'hui, la source s'est tarie. Le Cerro Rico, surexploité, est devenu un véritable gruyère. Mais les nombreuses mines continuent de fonctionner. Chaque jour, des mineurs viennent s'enfoncer dans l'obscurité et l’atmosphère difficilement respirable pour y trouver quelques minéraux, en échange d'un salaire de misère.

La visite d'une de ces mines reste une expérience inoubliable. Difficile d’en faire l’impasse en passant par Potosi. A moins, bien sûr, d’être totalement claustrophobe ou d’avoir peur de manquer DSC 0187d’oxygène.  Première étape de cette escapade : le marché des mineurs, au pied de la montagne. On y achète quelques présents pour les travailleurs : des feuilles de coca qu’ils mastiquent toute la journée, des cigarettes à faire tousser un amateur de Gitanes, de l’alcool fort, etc. Bref, de quoi faire oublier conditions de travail et altitude vite fatigante. Ici, on peut également acheter… des bâtons de dynamite ! Oui, de la dynamite, que les mineurs utilisent pour creuser les galeries. Certainement un des seuls endroits au monde où elle est en vente libre…

Ces quelques emplettes pour le moins originales calées au fond d’un sac plastique, direction la mine. L'entrée dans les entrailles de la terre est à couper le souffle. Des couloirs étroits, le casque qui cogne contre la pierre, seulement éclairés par la lampe frontale. Ici et là, des planches de bois usées installées contre la roche. Elles seules semblent pouvoir empêcher le plafond de s’écrouler. Pour oublier l'altitude et se décontracter, on mâche énergiquement des feuilles de coca tout du long.

Au milieu de la visite, brève mais solennelle pause devant « el tio » ou « el diablo » : une petite statue à l’effigie du diable. Il est considéré par les mineurs comme le maître des lieux. Dans cette obscurité et cette chaleur, on comprend vite ce choix. Quelques offrandes lui sont faites :de la coca, une petite clope coincée dans le bec, ou encore de l'alcool à... 96 degrés ! Alcool qui, une fois offerte au diable, il faut bien sûr boire en compagnie des mineurs. A dix heures du matin, ça réveille !

DSC 0217Les moments les plus poignants de ce voyage souterrain restent bien sûr la rencontre avec ses mineurs. Ses hommes à la peau fatiguée, aux rides creusées par ce travail d’un autre âge. Ses hommes de trente ans, à qui l’on donne facilement vingt ans de plus. Toute la journée, seuls dans le noir, ils tapent sans relâche avec marteau et burin. Contre cette roche dont les veines sont depuis longtemps asséchées d’argent.   L’espérance de vie d'un mineur dans cette montagne maudite : 45 ans.
On y a passé deux heures. Ils y laissent leur vie. Au fait, en langue Quecha, Potosi signifie « Tonnerre ». Depuis des siècles, il semble en effet s’abattre sur ces travailleurs du centre de la terre.

 

 

 

  

 

 

 

 

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