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23 mai 2012 3 23 /05 /mai /2012 17:50

Vannes-Istanbul-en-train 3183

 

La décision a été prise au dernier moment. Sur un coup de tête. L’envie de partir était là. Restait juste à savoir où. Ce sera finalement cap à l’est, direction Istanbul. En empruntant le trajet du mythique Orient Express.

 

Départ de la gare de Vannes le 4 juillet. Rejoindre la gare de l’Est, à Paris, puis tenter de dénicher un billet pour la suite du voyage et la première étape que je me suis fixée : Bratislava. Billet impossible à trouver au guichet parisien. Pour le moment, je sais donc juste que j’arriverai tout à l’heure à Munich, en Bavière, à 21h36.

 

A Munich, j’espère pouvoir monter dans un train de nuit pour la Slovaquie. Mais la tâche va s’avérer être plus compliquée que prévu. Aucun guichet n’est ouvert. Sur le quai, je demande à un cheminot hongrois (le train va jusqu’à Budapest) si je peux acheter un billet. Refus froid et sec, dans une langue dont je ne comprends pas un mot. Le prochain train est à 5h du matin, et je n’ai pas spécialement envie de passer la nuit sur un banc de la gare ou dans les rues de Munich. Je décide donc finalement de monter dans le wagon sans ticket.

 

Une fois le train lancé sur les rails, le contrôleur allemand me dit de m’installer dans un compartiment. Il viendra me voir plus tard, une fois ses billets poinçonnés. Mais c’est finalement une vieille employée allemande peu commode, et qui ne parle pas un mot d’anglais, qui me rend visite quelques minutes plus tard. Je ne comprends rien. Mise à part qu’elle n’accepte de me vendre un ticket seulement pour Salzbourg, en Autriche. Après, il faudra se débrouiller, en pleine nuit. Mon voisin de siège me traduit heureusement les vociférations de la contrôleuse, et me dit de laisser tomber. « On dirait qu’elle est de la Gestapo ! » sourit-il.

 

J’arrive finalement à Vienne tôt le matin. Changement de gare en métro pour rallier enfin Bratislava. Où j’arrive vers 8h. Je n’ai pas dormi de la nuit, et les cafés successifs ont du mal à me tenir éveillé. Manque de bol : l’auberge que je déniche dans le centre n’a des dortoirs de disponibles qu’à partir de 13h… Il va falloir patienter pour la sieste. Je parviens tout de même à arracher le droit de prendre une douche auprès du gérant.

 

Puis pars à la découverte de la capitale slovaque. Une ville de taille moyenne, qui se visite facilement à pied. Le vieux centre est plutôt touristique, avec de nombreux groupes de vacanciers, et d’attirantes terrasses de bars ou restaurants. Une montée au château qui domine la cité permet d’avoir une belle vision d’ensemble. Notamment sur ce pont plutôt surréaliste qui enjambe le Danube, coiffé à l’une de ses extrémités d’une sorte de soucoupe volante perchée sur une tour. 

 

Etape en bateau

 

Pour rejoindre la Hongrie, je délaisse les rails et emprunte la voie maritime : 4h30 de trajet en bateau sur le Danube pour relier Bratislava à Budapest. On y croise de longues embarcations transportant des marchandises jusqu’en Allemagne, des petits bateaux de promenade, des habitants qui profitent des berges pour bronzer ou pêcher. La largeur du fleuve est impressionnante. L’arrivée à Budapest l’est tout autant : la première impression de la capitale hongroise, vue du Danube, est majestueuse.

 

Arrivé à quai, une demi-heure de marche, sac sur le dos, pour rejoindre un hostel. J’y retrouve avec plaisir cette ambiance particulière qui règne dans les auberges. A six ou huit dans la même chambre sur des lits superposés. Ces sacs de randonnée qui s’entassent, ces fringues qui trainent à droite à gauche. Une douche pour quinze personnes. Une petite terrasse où l’on vient échanger avec le voyageur de passage autour d’une bière. Et toujours ces mêmes questions : « Where are you from ? Where do you go ? ». ça me manquait.

 

Budapest est une ville magnifique. Avec ces deux entités séparées par le Danube : Buda et Pest, deux villes distinctes autrefois. Rassemblées pour devenir capitale. Le Parlement du pays, posé au bord du fleuve, en impose. Tout comme le château qui domine la ville, côté « Buda ». Les vieux tramways côtoient les restos branchés. L’époque communiste paraît bien loin, sauf bien sûr lorsqu’on visite la « Terror house », bâtiment tristement célèbre où les opposants au régime étaient questionnés sous la torture. 

 

Retour dans le train

 

Gare Keleti de Budapest. J’attends mon train pour Sofia, départ prévu à 23h30. Les alentours sont glauques. Sur un banc jaune en face de moi, un pépé pique du nez, la main sur son sac de voyage, la bedaine qui dépasse de sa chemise mal boutonnée. Une voyageuse hongroise vient me demander un renseignement, elle a vite compris que je ne pouvais pas l’aider. Des sans-abris, cannettes de bière à la main, yeux rouges dans le vague, errent. Le lot de toutes les gares du monde. Un groupe de trois jeunes adolescentes se grille une clope pour attendre leur correspondance. D’autres ont le téléphone portable collé à l’oreille, donnent des nouvelles à la famille.

L’écran électronique au-dessus de moi affiche des noms de destinations inconnues : Gödöllö, Hatuan, Ujszàsz, Füzesabony, etc. Mais aussi Bucuresti ou Beograd, plus facilement déchiffrables. Tandis que la sono crache la même phrase à laquelle je ne comprends rien.

 

Le train partira finalement avec plusieurs minutes de retard. Il y fait une chaleur écrasante. Le sommeil a été plutôt léger, réveillé en pleine nuit par des douaniers serbes et bulgares peu délicats. Ainsi que par le contrôleur du wagon qui frappe avec vigueur sur la porte de la cabine pour annoncer le « passport control ! ».

 

Le trajet jusqu’à Sofia, à travers la Serbie, est lent et bruyant. Le train s’arrête souvent dans des gares perdues au milieu de nulle part, sans quais ni mêmes voyageurs. Le charme du voyage sur les rails, penché par ces fenêtres qui s’ouvrent encore. Loin, bien loin, de nos TGV hermétiques. 

 

Istanbul, terminus

 

Istanbul ! Quelle ville ! Passerelle entre deux continents, l’Europe et l’Asie. Entre tradition et modernité. Depuis toujours. Ses monuments plus somptueux les uns que les autres : Sainte-Sophie, Mosquée bleue, Palais de Tokapi, etc. Son Grand bazar, mélange de piège à touristes et de petites boutiques authentiques. Ses bords du Bosphore, où de nombreux Turcs viennent pêcher ou simplement discuteur autour d’un thé. Ses journées bercées par l’agitation d’une capitale folle et ses cinq appels à la prière.

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